Louis Cazals: 1912-1995
L'artiste d'ici le peintre d'ailleurs.
Exposition proposée à Thuir Musée des arts et Traditions Populaires jusqu'au 15 septembre.
Cette exposition de l'été propose aux amateurs de découvrir ou de redécouvrir cet artiste du Roussillon. Les tableaux permettent de cheminer près de chez nous et en Europe, au fil de l'eau. lLexposition est accompagnée de documents inédits sur les amitiées de Louis Cazals en Roussillon et ailleurs en France et en Europe.
Biographie
Louis Cazals naît à Prades en 1912. Il est le cadet d'une famille de quatre enfants. Sa mère qui s’occupe de la famille meurt alors que l’artiste est âgé d’une dizaine d’année. Il est élevé par sa sœur aînée. Son père gère une Briqueterie route de Marquixanes à Prades. En 1927, Cazals intègre l’atelier du peintre-décorateur J. Eyt situé rue de la Basse à Prades. Il y apprend l'art du bas-relief, des chapiteaux romans et des faux marbres. En 1930, le jeune homme quitte Prades pour Paris. Il fréquente à Maison- Laffite l'atelier du dinandier Laurent Llaurensou (1899-1959) son compatriote pradéen. Laurensou le formera à l'art de la décoration, des patines et lui fait connaître le peintre Amédée Dubois de la Patellière (1890-1932). Louis Cazals complète son apprentissage et sa formation par de nombreuses visites au Musée du Louvre et au Musée d'art moderne. A vingt ans, il revient dans le département d'abord à Saint Féliu d'Amont puis il s'installe définitivement à Saint Féliu d'Avall. Dès son retour, il allie carrière d'artisan et carrière d'artiste.
A partir de 1944, Cazals entreprend une série de voyages « d’études » qui va le conduire en Provence, au Maroc, en Bretagne et en Normandie, en Vendée, en Angleterre, en Hollande etc...
En 1962, il élabore les plans de sa nouvelle maison se ménageant un espace de travail plus grand ainsi qu'une salle d'exposition qui deviendra « l'Atelier des Hortes ».
Les tableaux de Louis Cazals sont rarement nés à l'extérieur. En soirée, il reprennait des croquis annotés qu'il avait réalisé plus tôt. Cazals a rencontré de nombreux artistes tels que Pau Casals, Camille Descossy, Ludovic Massé, Raoul Dufy, O. Friesz, Grau Sala Manolo Valienté.... Mais certains personnages tiennent une place particulière pour Lui celle de Maîtres. Cazals débute en autodidacte, avant de rencontrer Rafael Benet réfugié à Saint Féliu durant la guerre d'Espagne. R.Benet lui permettra d'établir un lien entre techniques, mouvements artistiques et pulsion créatrice. L.Cazals orientera sa peinture vers l'impressionnisme. La guerre et la détention au camp de Brandenbourg (Stalag III A) en Allemagne n'anéantiront pas sa passion et son désir de peindre. Ainsi même en détention il peindra. Ponctuellement pour un artisan, pour le théâtre de Stalag et surtout pour des camarades détenus. En 1944, lors d'une exposition Parisienne L.Cazals rencontre le peintre Dunoyer de Ségonzac. Ce dernier considère Cazals comme un artiste en devenir avec lequel il échange quelques idées. Puis les deux hommes se lient d'amitié. Dunoyer de Ségonzac l'invite à l'accompagner sur les bords de la Marne afin de peindre sur le terrain, face au sujet. Là de son propre aveu, il finit par considérer Louis Cazals comme « Un artiste très doué, très droit... très vrai spontané et authentique ».
Soulignons aussi son amitié avec Adrien Hamon son « Vieux maître » qui habitait Perpignan dans les années 40.
Ainsi Cazals traverse la vie et les influences gagnant à chaque étape en indépendance et en autonomie. En curieux insatiable et en travailleur acharné, il étudie et interprète les idées artistiques. Il « multiplie les techniques et les écritures (du motif) impliquant une manipulation rapide. Il s'attache moins aux détails qu'à traduire la substance des objets. »
En 1948, grâce à Pau Casals, il a la chance de rencontrer le ministre de la culture des Pays-Bas, amateur de sa peinture qui l'invitera à Amsterdam et Rotterdam dans les paysages de J.B. Jongkind qu'il avait tant admiré. Louis Cazals peindra jusqu'en 1995 avant de s'éteindre à Saint-Féliu.
Ludovic Massé dira « Sa peinture lui ressemble. Elle ne pousse pas de hauts cris. Elle n'affecte pas de mystère. Mais à qui sait l'entendre, elle murmure tous les secrets de la nature dans un langage d'autant plus poétique et captivant qu'il est plus discret, plus nuancé, plus imprégné de probité et de finesse que tout autre. ».
©Biographie Frédéric Sabatini et Marie-Pierre Barba-Cufi.